Thursday 22 January 2015

Combien de fois faudra-t-il répéter que l’islam est une religion de paix ?

Latifa Ibn Ziaten, la mère d’Imad, militaire tué par Mohamed Merah, milite sans relâche dans les écoles et les quartiers.


Latifa Ibn Ziaten, la madre di Imad, militare ucciso da Mohamed Merah, milita senza sosta nelle scuole e nei quartieri. 
Ha portato avanti numerosi mesi di lavoro di sensibilizzazione dei ragazzi alla tolleranza attraverso la sua storia. 
Dopo gli attentati di Charlie Hebdo e della Porta di Vincennes, ha ripreso ancora più di prima il suo bastone da pastore. A rischio di farsi insultare. 
La settimana scorsa, ha parlato su “L’Obs”. Testimoniato. 

“Nel 2012, ho perduto mio figlio, Imad. Ucciso da un terrorista, che si chiamava Mohamed Merah. Quando ho saputo, mercoledì sera, la notizia della strage, ero sul TGV verso Saint-Etienne. Dovevo intervenire, il giorno seguente, in una classe di liceo, raccontare loro la mia storia e non ho voluto annullare. Ma, dentro di me, ero crollata. Come se l’incubo ricominciasse. Alla televisione, ho visto le immagini. Un poliziotto a terra. Ho spento immediatamente. E’ ancora troppo recente per me. Poi, ho ancora questo peso nello stomaco, vedo Imad, in uniforme, a terra. Non passa… Ho solo ascoltato la radio, ascoltato la voce degli assassini. Questa mi ha terrorizzato. Avevano la stessa determinazione di Merah, parlavano delle persone che avevano ucciso, senza alcuna emozione. 
Sabato 10 gennaio, ho sfilato nella mia città, vicino a Rouen, ma in modo anonimo, come una qualunque cittadina. Io sono musulmana, velata, ho visto gli sguardi che si posavano su di me. E anche io guardai la gente. Ho detto loro buongiorno, tutto qui. Come per dire loro che io, ho pagato il caro prezzo del terrorismo, che io, per prima, francese musulmana, io sono stata toccata sulla mia pelle da quei fanatici. Come è possibile fare di tutte le erbe un fascio? Quanto ancora bisognerà ripetere che l’islam è una religione di pace? Che questi barbari non hanno alcun diritto di invocare Allah! Purtroppo, già alcune amiche, velate, mi hanno riferito che sono state offese, si sono viste aggredire verbalmente. Alcune moschee sono state bruciate. Quando l’ho saputo, il mio cuore ha sanguinato ancora. Più che mai dobbiamo restare uniti, francesi di tutte le origini, di tutte le religioni, anche se, purtroppo, alcuni stanno già alimentando l’odio. 
Dopo la morte di mio figlio, ho provato a continuare a vivere. Ho messo in piedi una associazione per testimoniare. Faccio il giro delle scuole, delle moschee, dei centri di quartiere: è il mio modo di restare in piedi. 
Giovedì, il giorno dopo la strage di Charlie Hebdo, nella classe del liceo di Saint-Etienne dove sono intervenuta, abbiamo fatto il minuto di silenzio, insieme. E’ stato molto commovente. Poi c’è stato un giro di domande. Io ho ripetuto loro, ancora e sempre, che nessuno ha il diritto di invocare l’islam per giustificare questi orrori. Che non possiamo apprezzare le caricature di Charlie Hebdo, ma che è bello vivere in un paese in cui possono esistere. 
Dopo due anni, parlo senza sosta ai ragazzi dei quartieri. Li vedo, li ascolto, e quello che dicono non è che un grido. Sono persi, disorientati, si sentono messi da parte. Sono alla mercé di tutti quelli che li vogliono indottrinare, perché non hanno punti di riferimento. Sono due anni che avverto tutti, che ripeto, che di Merah ce ne saranno altri. Penso a tutti quelli che si lasciano tentare dalla jihad. Penso a questo ragazzo che mi dice che vuole partire e andare in Siria, fare azioni umanitarie: lui pensa di trovare uno scopo per la sua vita perché qui, in Francia, ha l’impressione che non sia il suo posto. Sono riuscita a dissuaderlo. Ma quanti altri? Oggi, la Francia è una pentola a pressione. Invece di escluderli e lasciarli da parte, bisognerebbe amarli, questi giovani, ripetere loro che sono francesi, in tutto e per tutto. Che il loro avvenire è qui. 


Latifa Ibn Ziaten, mère du militaire tué par Mohamed Merah, a mène depuis plusieurs mois un travail de sensibilisation des élèves à la tolérance à travers son histoire. 
Depuis les attentats de "Charlie Hebdo" et de la Porte de Vincennes, elle a plus que jamais repris son bâton de berger. Au risque de se faire insulter
La semaine dernière, elle s'exprimait dans "l'Obs". Témoignage.

"En 2012, j’ai perdu mon fils, Imad. Abattu par un terroriste, appelé Mohamed Merah. Quand j’ai entendu mercredi dernier la nouvelle de la tuerie, j’étais dans le TGV vers Saint-Etienne. Je devais le lendemain intervenir dans une classe de lycée, leur raconter mon histoire, je n’ai pas voulu annuler. Mais, à l’intérieur de moi, j’étais effondrée. Comme si le cauchemar recommençait. A la télévision, j’ai vu des images. Un policier à terre. J’ai éteint, tout de suite. C’est encore si récent pour moi. Depuis, j’ai toujours cette boule dans le ventre, je vois Imad, en uniforme, à terre. Ça ne passe pas… J’ai juste écouté à la radio, entendu la voix des tueurs. Cela m’a horrifiée. Ils avaient la même détermination que Merah, ils parlaient des gens qu’ils avaient tués, sans émotion aucune.
Samedi 10 janvier, j’ai défilé dans ma ville, près de Rouen, mais de façon anonyme, comme une citoyenne lambda. Je suis musulmane, voilée, j’ai vu les regards qu’on posait sur moi. Alors je dévisageais les gens, en retour. Je leur disais bonjour, c’est tout. Comment leur dire que moi, j’ai payé le prix fort du terrorisme, que moi, la première, une Française musulmane, j’ai été touchée dans ma chair par ces fanatiques. Comment est-ce possible de faire l’amalgame ? Combien de fois faudra-t-il répéter que l’islam est une religion de paix ? Que ces barbares n’ont aucun droit d’invoquer Allah ! Hélas, déjà, des amies, voilées, me rapportent qu’elles se font apostropher, voire agresser verbalement. Des mosquées ont été brûlées. Quand j’entends cela, mon cœur saigne, encore. Plus que jamais, nous devons rester unis, Français de toutes origines, de toutes religions, mais pourtant, hélas, certains attisent déjà les haines.
Après le décès de mon fils, j’ai tenté de continuer à vivre. J’ai monté une association pour témoigner. Je fais le tour des écoles, des mosquées, des maisons de quartier : c’est ma façon de rester debout. Jeudi, le lendemain de la tuerie de "Charlie Hebdo", dans la classe de lycée de Saint-Etienne où j’intervenais, nous avons fait la minute de silence, ensemble. C’était très émouvant. Les questions ont fusé, ensuite. Je leur répétais, encore et toujours, que personne n’a le droit d’invoquer l’islam pour justifier ces horreurs. Qu’on peut ne pas apprécier les caricatures de "Charlie Hebdo", mais que c’est bien d’être dans un pays où elles peuvent exister.
Depuis deux ans, je leur parle sans cesse à ces jeunes des quartiers. Je les vois, je les entends, et ce n’est qu’un cri. lls sont perdus, déboussolés, ils se sentent mis de côté. Ils sont à la merci de tous ceux qui veulent les endoctriner, car ils n’ont plus de repères. Cela fait deux ans que j’alerte, que je répète que des Merah, il y en aura d’autres. Je pense à tous ceux qui se laissent tenter par le djihad. A ce jeune homme qui me disait qu’il voulait partir en Syrie, faire de l’humanitaire : il pensait trouver un but à sa vie car, ici, en France, il a l’impression qu’il n’a pas sa place. J’ai réussi à le dissuader. Mais combien d’autres ? Aujourd’hui, la France est une Cocotte-Minute. Au lieu de les exclure et de les laisser sur les bas-côtés, il faudrait les aimer, ces jeunes, leur répéter qu’ils sont français, à part entière. Que leur avenir est ici."

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